mardi 24 décembre 2013

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Paul Coban Poète  (1921-2012)






Vous connaissez le Poète Paul Coban ?

Une association s'est créée  "L'Atelier Coban" pour lui rendre hommage.

L'ancienne demeure de Paul Coban à Limeil ayant été restaurée, l'association "L'Atelier Coban" fait revivre ce lieu magique désormais dédié au partage, à l'ouverture, à la méditation, au bouddhisme, aux arts, à la mémoire de Paul Coban et de son oeuvre prolifique et gigantesque.

Paul Coban a restauré cette ancienne bâtisse à Limeil, un ancien rendez-vous de chasse datant de Louis XIV, de ses propres mains, pierre par pierre, pendant trente ans. Il y demeurait principalement l'hiver. L'été, il partait sur la côte Atlantique, à Saint-Pierre d'Oléron.

Nombreux sont ceux qui ont rencontré le Poète dans son originale boutique de Poésie à Saint-Pierre d’Oléron. C’est en 1974 qu’il a fondé sa boutique de Poésie. Il l’a tenue tous les étés jusqu’en 2009. C’est avec courage et opiniâtreté qu’il ouvrait sa porte tous les jours d'été aux badauds les invitant à prendre un bain poétique.
Il était le poète, mais aussi le philosophe, et ceux qui poussaient sa porte venait recevoir la « manne poétique ».
C’était ça l’important pour Paul Coban : votre esprit…  L’esprit.

De nombreux articles de presse ont été écrits sur cet original personnage qui ne laissait pas indifférent.
                                                    
Ses nombreux livres d’or attestent aussi de l’enthousiasme de ces rencontres et du souvenir impérissable qu’il a laissé dans l’esprit des visiteurs, de la Boutique de Poésie, au cours de ces nombreuses années.

Il était poète, mais aussi graveur sur bois, typographe, sculpteur, écrivain, homme de théâtre, peintre. Son atelier se trouvait dans sa vieille demeure de Limeil-Brévannes, 
Il proposait ses plaquettes d’art gravées dans la Boutique de Poésie et donnait chaque jour des récitals de poésie. Un livre, "Ma Boutique de Poésie", a été écrit au jour le jour pour conter les aventures inénarrables du Poète en terre de Charentes-Maritimes. S’apparentant à Don Quichotte, Paul Coban allait à la rencontre de ses contemporains dans les rues de Saint-Pierre d’Oléron pour leur demander : - qu’est-ce qui vous touche dans la vie ? ou racontez-moi vos rêves.
Mais il n’était pas seulement un doux rêveur, c’était aussi un tribun hors pair sachant nous sortir de notre gangue.

     "Le Poète Paul Coban doit continuer sa tâche d'attendrisseur de coeur congelé"





BIOGRAPHIE de Paul COBAN

1921-2012

par Dominique Énon et Louise Lamarche

 

Émile Paul Colomban dit Paul Coban est un poète et graveur sur bois né le 5 février 1921 à La Garenne-Colombes et mort le 13 septembre 2012 à Villeneuve-Saint-Georges[1].

Écrivain, poète pamphlétaire, il est l'auteur de trois ouvrages et de très nombreux poèmes dont une centaine au moins a été imprimée de son vivant, par ces soins ou par d’autres imprimeurs d’art.

Paul Coban est né dans une famille aisée, son père était pharmacien au 117 rue de Belleville, Paris 20e. Ses parents découvrent très tôt chez Paul une prédisposition toute particulière pour l’écriture et la poésie. À l’âge de onze ans, il écrit d'ailleurs son premier roman, J’arrive à temps, dont le manuscrit n'a pas été conservé.

Diplômé de la Sacem en 1949 en tant qu’auteur, il rencontre à cette époque l’un de ses futurs mécènes, le dr Robert Sauvageot qui fut un des premiers disciples du dr George Soulié de Morant principal promoteur de l'acu­punc­ture en France et en occident à partir de 1929.

Le dr Robert Sauvageot participa à l'histoire mira­cu­leuse des quelques épis de blé retrouvés dans le sarcophage d'une reine d'Égypte et qui lui ont été confiés par l'académicien Joseph de Pesquidoux à son retour d'un voyage exploratoire en Égypte. Il initie Paul Coban à la diététique et à une philosophie de la nutrition. En 1948, ils participeront tous les deux à la fondation de La Vie Claire par Henri-Charles Geffroy.

À la même époque, ils créent ensemble la maison d’édition Gaie-Science qui publiera des œuvres du poète. Cet esprit du gai savoir est le fil rouge qui les conduit à créer des enregistrements burlesques sur bandes magnétiques : L’herboriste, En suivant les comètes, Petite fleur, Le gars de Chagny, Les petits suisses, Plantes médicinales, etc. Coban y déploie sa verve humoristique et on y entend le rire légendaire du docteur Sauvageot. Pour les deux hommes, l’esprit du rire est à cultiver : C’est une chose sérieuse et non de la rigolade (dixit Paul Coban). Les vertus du rire seront par ailleurs largement démontrées des années plus tard. Il est donc normal de retrouver dans la bibliothèque de Paul Coban toute une littérature du rire. Deux écrivains restent cependant magistraux aux yeux du poète : Rabelais et Alphonse Allais.

Dans les années d’après-guerre, vivant avec sa mère à Limeil-Brévannes, il imprime lui-même ses poèmes sur une presse à bras. Devenu typographe et graveur sur bois, il crée des plaquettes d’art. À l’instar de Max Jacob qui vendait ses poèmes dans une carriole de quatre saisons, Paul Coban va présenter son œuvre dans le Quartier latin. C’est ainsi qu’il peut vivre de sa poésie et faire de très nombreuses rencontres. Ainsi, on retrouve dans ses agendas plusieurs rendez-vous avec Jean Cocteau à son domicile de la rue de Montpensier. Il évoque de vagues rapports au sujet de l'objection de conscience pour laquelle Coban milite depuis de nombreuses années. Ardent défenseur de la cause de la paix, il publie peu après leur rencontre Au nom de la paix, poème contre l’arme atomique imprimé dans la plaquette d’art Tendre civilisation.

Cette période riche en échanges lui permet également de partager avec son aîné Pierre Mac-Orlan la même vision du monde. On retrouve cette complicité dans la bibliothèque de Coban dont les ouvrages de Mac-Orlan comportent de nombreux envois datés des années 1950.

En mars 1954, il publie son premier livre, Sagesse éternelle, illustré de bois gravés et d’aquarelles.

En 1956, il rencontre Élie Pésatori et Gabriele Mandel Khān puis, tous les deux artistes italiens. Pésatori travaillera de concert avec Coban à plusieurs reprises. Mandel et Coban resteront éternellement de fidèles amis. On retrouve trace dans leur importante liaison épistolaire, et avec les gravures que lui réalisait Mandel en retour. Coban écrira d'ailleurs un poème en l'honneur de la naissance de Paola, la fille de Gabriele et Carla Mandel, née le 2 août 1961. Également en 1961, dans les quartiers animés de la capitale, Coban fit la connaissance de l’artiste franco-espagnol Alexis Hinsberger qui présentait La colline des fantômes, ouvrage de Tran Van Tung pour qui il avait réalisé les illustrations. Coban restera en contact régulier et Hinsberger réalisera son portait à l'occasion de l'un de ses vernissage. On le retrouve aussi comme illustrateur de la plaquette d’art La Bonne Fortune.

Quelques années passèrent avant le début d'une collaboration avec Jean Lébédeff. Ce graveur de renom partagera avec Paul Coban quelques secrets techniques et une amitié sincère les unira jusqu'au décès du maître graveur en 1972. S'ensuivirent quelques années de vaches maigres qui n’entameront en rien son entrain à créer et à diffuser son œuvre. Il en profitera pour partager sa passion pour le rire avec Albert Dubout dont il appréciait la qualité des illustrations.

L'année 1960 apportera au poète un peu de baume au cœur avec la publication de son deuxième livre. Jean Lébédeff, lui propose alors de participer à la conception de l'ouvrage en réalisant le frontispice. Le titre de ce nouvel ouvrage, Au Céleste Empire, n'est pas sans rapport avec celui de la femme de lettres Françoise Mallet-Joris : L'Empire céleste. Dans cet ouvrage qui obtint, en 1958, le prix Femina, elle cite 57 fois le nom d’un Paul Coban qui est dépeint comme un personnage particulièrement déplaisant. Or il s'agit sans équivoque du poète qui est habitué à donner des récitals dans ce restaurant chinois situé près du Panthéon. Un procès s'ensuit relayé par Le Figaro et par Le Parisien libéré en date du 23 février 1960. Afin de ménager les intérêts de chacun, un accord interviendra entre les parties et pour réagir à l’affront et Paul Coban décida d'intituler Au Céleste Empire son nouveau roman.

Son troisième livre Mon pèlerinage est certainement le plus abouti. Coban racontait volontiers son entrevue avec Marcel Pagnol, dans le but d’obtenir une préface signé de l’académicien, lui qui n’en écrivait jamais ! Dans la lettre préface qui enverra à Paul Coban au sujet de cet ouvrage, Pagnol écrira : « … le personnage du pèlerin auto-stoppeur est intéressant, et ses pérégrinations (c'est le mot qui convient) sont racontées avec beaucoup d'humour, une sincérité totale, et une naïveté fort plaisante ». Cette lettre-préface de Pagnol est le sésame qui permet à Paul Coban de faire imprimer ce récit par le pressier d’art Dominique Viglino qui travaillait pour Dali et Picasso. Viglino avait apprécié tout particulièrement les vignettes et les bois gravés de l'auteur. La couverture et le frontispice avaient été réalisés par son ami Élie Pésatori.

En février 1971, lors de la sortie de Mon Pèlerinage, Paul Coban sera introduit par l’intermédiaire d’Alain Peyrefitte[2] auprès de Jean-Jacques de Bresson, alors président de l’ORTF, afin qu'il présente son ouvrage à la télévision. Par la suite, Coban sera l'invité de Jacques Chabannes dans l'émission On en parle.

Par la suite, Paul Coban entreprendra toute une tournée en France et en Suisse pour donner des récitals de poésie. Mais de l’aveu du poète, c’est surtout en Suisse qu’il sera le mieux accueilli.

Dans les années 1970, Paul Coban voit sa mère, dépérir. Il n’aura de cesse d’aller la visiter dans le mouroir du Château d’Oleron. Cherchant un logement pour la sortir de cette institution, en 1974, il achète, à Saint-Pierre-d'Oleron, une ancienne épicerie qu’il transforme en Boutique de poésie, véritable antre du poète où l’on pouvait venir écouter son œuvre et s’en rendre acquéreur.

C’est le début d’une grande aventure où le poète se confronte à un public de vacanciers. Cela donnera lieu à un nouveau livre Ma Boutique de Poésie écrit au fil des années,  mais qui restera pendant longtemps inédit. Paul Coban raconte trente années de rencontres, de bagarres, de rires. Considéré comme un original, par les insulaires comme par les touristes de passage, lors des récitals de poésie qu’il donnait chaque après-midi dans sa boutique, il se plaisait à dire :

– Je ne suis ni un grand ni un petit poète; je suis un authentique poète. J’ai consacré ma vie à la poésie. Venez voir les fesses rouges du poète. 

Ses nombreux livres d’or racontent l’étonnement et parfois l’émerveillement de ses visiteurs face à un person­nage authentique.

Cette fameuse Boutique de Poésie lui vaudra de nombreux articles dans la presse et des passages dans les médias, notamment Le Pop-Club de José Arthur, et Radio­scopie de Jacques Chancel, et bon nombre d'émissions littéraires. Chaque été, jusqu’en 2009, il séjournera sur Oleron et tiendra l’unique boutique de poésie au monde !

L'hiver venu, il retournait œuvrer dans sa vieille demeure de Limeil-Brévannes, datant de l’époque de Louis XIV, ancien rendez-vous de chasse du Comte de Toulouse, dont il avait restauré le gros œuvre de ses propres mains. Il y retrouvait ses presses qui reprenaient du service pour imprimer sur papier d'Arches la multitude de poèmes contenus dans les petits carnets noircis durant l'été.

Mais les hivers sont parfois rudes et, en 1985, fragilisé par l’absence de chauffage, d’eau et d’électricité dans sa maison de Limeil, il est conduit à se réfugier à la paroisse de Saint-Vincent de Paul, auprès de Pierre Bellégo, célèbre prédicateur progressiste, celui-là même qui, en 1977, avait été expulsé de sa paroisse de St-Nicolas du Chardonnet par les catholiques intégristes. Pierre Bellégo hébergea Paul Coban dans son propre logement où ils eurent de fructueuses conversations. Ce fut l’occasion pour le poète de créer de nouvelles œuvres, et par la suite Pierre Bellégo préfacera plusieurs plaquettes de Paul Coban.

Artiste complet, Coban s'adonnait aussi à la peinture, au dessin et à la sculpture. À la fois anarchiste, révolution­naire et profondément catholique, personnage dérangeant mais d’une lucidité à toute épreuve, Paul Coban n’a jamais cessé de lutter contre l’injustice et contre l’indifférence de ses contemporains.

Il meurt le 13 septembre 2012 au centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges, il est inhumé… près de sa maison de Limeil-Brévannes.

L'année suivante, un hommage lui est rendu à Limeil-Brévannes lors d'une exposition retraçant l'ensemble de son œuvre. Le 13 mars 2015, un récital est donné en la médiathèque de Saint-Pierre d’Oleron par le comédien oleronnais, Philippe Couteau, dit Bilout et une plaque mémorielle est apposée sur la façade nord de la Boutique.

2017, a vu la vente de la maison de Saint-Pierre qui, à l’origine, devait être mise à la disposition de la mairie de St-Pierre pour en faire un lieu culturel, projet qui n’a pas débouché. L’ensemble du produit de la vente a été réinvesti par l’Atelier Coban pour finaliser la rénovation de la maison de Limeil-Brévannes et en faire un lieu de rencontres spiri­tuelles et de partage.

En 2020, 80 poèmes inédits issus des papiers et carnets de Paul Coban ont été réunis dans un recueil intitulé Point trop n’en faut qui est diffusé par l’Atelier Coban.




[1] - La notice mise en ligne sur Wikipédia a été créée à partir du présent texte qui a été établi à partir des archives de Paul Coban (Atelier Coban, à Limeil-Brévannes, AD 94, AD 17 et documents Dominique Énon, à Melun).

[2] - Ancien ministre de l’Éducation et futur ministre de la Culture puis de la Justice.*



 

 L'Atelier Coban  https://ateliercobanlimeil.wixsite.com/monsite









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